• Mai

        Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
        Des dames regardaient du haut de la montagne
        Vous êtes si jolies mais la barque s'éloigne
        Qui donc a fait pleurer les saules riverains



        Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
        Les pétales tombés des cerisiers de mai
        Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée
        Les pétales flétris sont comme ses paupières



        Sur le chemin du bord du fleuve lentement
        Un ours un singe un chien menés par des tziganes
        Suivaient une roulotte traînée par un âne
        Tandis que s'éloignait dans les vignes rhénanes
        Sur un fifre lointain un air de régiment



        Le mai le joli mai a paré les ruines
        De lierre de vigne vierge et de rosiers
        Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
        Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes

    Guillaume Apollinaire(1880 - 1918)

     


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  • UN SONGE !UN SONGE !

     

     

     

     

     

     

    Le laboureur m'a dit en songe :

    « Fais ton pain,
    Je ne te nourris plus, gratte la terre et sème. »
    Le tisserand m'a dit : « Fais tes habits toi-même. »
    Et le maçon m'a dit : « Prends ta truelle en main. »

    UN SONGE !

    Et seul, abandonné de tout le genre humain
    Dont je traînais partout l'implacable anathème,
    Quand j'implorais du ciel une pitié suprême,
    Je trouvais des lions debout dans mon chemin.

    UN SONGE !

    J'ouvris les yeux, doutant si l'aube était réelle :
    De hardis compagnons sifflaient sur leur échelle,
    Les métiers bourdonnaient,

    les champs étaient semés.

    UN SONGE !

     

     

    Je connus mon bonheur et qu'au monde où nous sommes
    Nul ne peut se vanter de se passer des hommes ;
    Et depuis ce jour-là je les ai tous aimés.
     


    René-François Sully Prudhomme.

    UN SONGE !


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  •  

    J'aime un groupe d'enfants qui rit et qui s'assemble ;
    J'ai remarqué qu'ils sont presque tous blonds, il semble
    Qu'un doux soleil levant leur dore les cheveux.


    Lorsque Roland, rempli de projets et de vœux,
    Était petit, après l'escrime et les parades,
    Il jouait dans les champs avec ses camarades


    Raymond le paresseux et Jean de Pau ; tous trois
    Joyeux .

    Un moine un jour, passant avec sa croix,
    Leur demanda:
    — Quelle est la chose, enfants, qui vous plaît déchirée ?


    — La chair d'un bœuf saignant, répondit Jean de Pau.


    — Un livre, dit Raymond.

    — Roland dit : Un drapeau.

    Victor Hugo


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  • LES VOILES DU CIELLES VOILES DU CIEL

     

    Si j'avais les voiles brodés du ciel,

    Ouvrés de lumière d'or et d'argent,

    Les voiles bleus et pâles et sombres

    De la nuit, de la lumière, de la pénombre,

    J'étendrais ces voiles sous tes pas;

     

    LES VOILES DU CIELLES VOILES DU CIEL

    Mais moi qui suis pauvre je n'ai que mes rêves;

    J'ai étendu mes rêves sous tes pas;

    Marche doucement car tu marches sur mes rêves.

    William Butler Yeats

     

    LES VOILES DU CIEL                                                                   LES VOILES DU CIEL

                                                                       


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  • MARS

     

    Il tombe encore des grêlons,
    Mais on sait bien que c’est pour rire.
    Quand les nuages se déchirent,
    Le ciel écume de rayons.

    MARSMARS
    Le vent caresse les bourgeons
    Si longuement qu’il les fait luire.
    Il tombe encore des grêlons,
    Mais on sait bien que c’est pour rire.

     

    MARS


    Les fauvettes et les pinsons
    Ont tant de choses à se dire
    Que dans les jardins en délire
    On oublie les premiers bourdons.
    Il tombe encore des grêlons…

    MARS


    Maurice Carême (1899-1978)


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